Bloavez mad

Publié le par Lucy

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BLOAVEZ MAD D'AN OLL DEZ KENTAN AR BLOAZ

"Bonjour deoc'h. Evit ar bloaz ne meus ket gwellet ac'hanoc'h.
Ur bloavez mad a zouétan deoch"
"Bonjour à vous. Pour l'année où je ne vous ai pas vu.
Je vous souhaite une bonne année"

C'est l'appel lancé à haute voix par un petit groupe d'enfants devant les maisons du Pays Bigouden, à l'aube du premier de l'an...il y a quelques temps déjà. Parfois le compliment est agrémenté par : "Hag ar baradoz e fin ho puez" "Et le paradis à la fin de votre vie"

Ces enfants sont les pauvres de la commune. Ils ne connaissent pas les étrennes. A Noël, dans leur sabot, ils ont trouvé une orange et un petit Jésus en sucre. Aussi le jour de l'an est-il attendu avec impatience Bien avant l'aube, ils se sont élancés sur les routes et les chemins creux selon un itinéraire et un horaire bien précis, car il faut à tout prix avoir terminé la tournée avant midi.

Seuls les jeunes garçons parcourent ainsi la campagne; les filles ne présentent leurs voeux que dans le proche voisinage et la famille.
Il faut faire vite. Le jour n'est pas encore levé. Les premières visites sont pour les commerçants du bourg et là on est assuré d'un bon accueil... et d'une bonne offrande: quelques sous, voire parfois quelques francs et des friandises. et puis on s'élance vers les fermes de plus en plus lointaines: gare aux " boutou karget " ( sabots pleins d'eau ), aux " tennan tan " ( tirer du feu, les os de la cheville à vif ) dans les "estrevedou" chemins creux aux ornières traîtresses. Qu'importe, on débite la litanie sonore en breton devant la porte, la fermière est là avec son obole préparée à l'avance. Celle-ci varie selon le degré de bonnes relations ou la parenté. Il faut parfois répéter. Plus fort cette fois. Il est rare de faire chou blanc. Mais cela arrive. Alors on maugrée quelque ressentiment bien senti...

La fin de la matinée est maintenant bien avancée. Les dernières visites sont réservées aux maisons "sûres", bien connues, là où le bon accueil est chaque année assuré.

"Bugale baour, denit buhan da domma!"
"Pauvres enfants, venez vite vous chauffer!"

Les enfants fatigués et transis sont tout heureux de prendre place dans la cheminée "c korn an oaled ",vite réconfortés par une boisson chaude et quelques solides tranches de pain beurre ou de kuign. Les sabots trempés sont garnis de braises et de cendre chaude pour les faire sécher.

Bientôt l'angélus va sonner. Quelle joie de prendre le chemin du retour, avec cependant un petit arrêt à l'abri pour compter la petite fortune de chacun. Ils seront très fiers de remettre celle-ci à la "mam" en rentrant, sachant qu'elle leur en laissera une petite partie et que le reste leur sera rendu en cours d'année, selon les besoins ... et les mérites.

Et quelle merveilleuse journée! Elle continuera l'après midi avec les agapes en famille, dans le voisinage.

Publié dans De tout et de rien

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